Freebre optique
mardi 12 septembre 2006En ce jour où le pays berceau de l’internet se recueille autour de ruines qui n’ont sans doute pas fini de faire parler d’elles, c’est en France qu’est annoncé ce qui se veut être pas moins que la première offre d’accès grand public par fibre optique au réseau mondial. Et c’est Free, le trublion de l’internet français, qui tient la vedette. Au programme : des débits de 50 Mb/s en envoi comme en réception, télévision en haute-définition, téléphonie illimitée, le tout pour 30 euros tout compris. Boum.
On pourrait dès lors se croire dans une scène en tout point similaire à celle d’il y a 5 ans, quand Free annonçait son offre ADSL à 30 euros quand France Télécom Wanadoo, alors en monopole de fait, proposait la même chose pour un prix trois fois supérieur. Mais ce serait négliger que cette fois-ci, Free entend bien exploiter un réseau qui sera entièrement sien, des centraux aux modems en passant par les répartiteurs.
Non sans une certaine ironie, Free a même promis de louer son futur réseau à ses concurrents. Ironie face à Wanadoo Orange, qui a elle-même annoncé un réseau en fibre optique il y a de cela quelques semaines, mais en s’assurant d’une couverture ministérielle dans sa volonté de ne pas vouloir d’un “dégroupage optique”. Free en profite pour se donner une image de partenaire des structures plus petites, et notamment des collectivités territoriales. Ou comment railler la privatisation totale de l’opérateur historique.
Mais Free ne s’arrête pas là : un peu plus tard dans la matinée, Free a annoncé vouloir faire bénéficier d’un accès gratuit. Bien sûr, le service fourni sera bridé par rapport à la version “normale”, mais contiendrait tout de même un accès “bas” débit, la téléphonie et les chaînes gratuites de la TNT. Grâce à lui, plus besoin de payer l’abonnement d’une ligne Orange France Telecom, ni de s’acheter un décodeur pour la télévision numérique terrestre. Officiellement, Free entend ainsi lutter contre la “fracture numérique”.
Oui mais laquelle, de fracture numérique ? Côté pécuniaire peut-être, mais qu’en sera-t-il de sa facette géographique ? Free a déjà expliqué son plan de déploiement : la fibre optique sera déployée prioritairement dans les zones où ses parts de marché sont supérieures à 15%. Autrement dit, les zones déjà bien couvertes par l’ADSL. Les campagnes, comme d’habitude, pourront toujours attendre. D’autre part, quelques voix s’élèvent déjà pour dénoncer ce qui pourrait bien s’apparenter à une astuce juridique : la fondation “Fondation Free” viserait moins à démocratiser l’accès à l’internet qu’à contourner les réglementations de la concurrence, et notamment au chapitre “dumping” (vente à perte).
Reste à voir ce qui sortira effectivement du chapeau de Free, qui est connu pour être friand des grands effets d’annonce, même s’il tiennent leurs promesses la plupart du temps (sauf pour les non-dégroupés, de plus en plus mécontents). Rendez-vous donc au premier semestre 2007, période annoncée pour l’arrivée des premières “Freeboxo”…