Zune et le DRM viral
samedi 16 septembre 2006Cette semaine, juste avant que Steve Jobs, le frétillant patron d’Apple, ne présente au cours d’un “showtime” réservé à la presse ses nouveaux iPod, entre autres nouveautés, Microsoft annonçait officiellement son “Zune”.
Clairement destiné à être le premier réel iPod-killer, une de ses innovations est une fonction de partage de musique de proche en proche. En pratique, deux appareils Zune peuvent, s’ils sont à portée de réseau sans fil, échanger des fichiers musicaux ensemble. Une bonne idée, sans doute… mais si le procédé n’était pas considérablement bridé. En effet, quelle que soit le fichier ainsi partagé, le destinataire de la copie ne pourra écouter son nouveau morceau que 3 fois et dans un délai de 3 jours maximum. Au-delà, le fichier sera purement et simplement supprimé du baladeur. Dire qu’on a déjà vu plus permissif est un euphémisme.
Techniquement, comment ça marche ? Au moment du transfert d’un appareil à l’autre, une surcouche de DRM est ajoutée aux données. S’il n’est pas crypté, alors il le devient et s’auto-détruira peu de temps après. Microsoft invoque la protection des droits d’auteur pour légitimer cette idée. Mais comme le font remarquer plusieurs bloggeurs, cette “infection” de DRM dans un fichier non protégé à l’origine peut poser un problème, surtout avec les fichiers créés sous licence Creative Commons. Conçues dès le départ pour les artistes préférant le partage à la marchandisation et ainsi “encourager de manière simple et licite la circulation des œuvres, l’échange et la créativité“. Et voici ce qu’en dit la FAQ officielle de la Creative Commons :
Si quelqu’un utilise des DRM pour restreindre l’accès du moindre droit accordé par la licence, alors il viole cette licence. Toutes nos licences prohibent la distribution d’oeuvres utilisant un quelconque dispositif permettant de contrôler l’accès ou l’utilisation de l’oeuvre de quelque manière que ce soit.
Et comme les fichiers distribués sous Creative Commons peuvent très bien être des MP3 et que le Zune leur inflige ses DRM sans distinction, il y a dès lors un viol de la licence Creative Commons. Que va-t-il se passer maintenant, alors ? Un grand procès en perspective ? Une interdiction contractuelle de stocker de la musique en licence Creative Commons sur les baladeurs de Microsoft ? Je penche pour la seconde solution.