De Robien mon amour
mercredi 22 août 2007L’attente aura été longue. C’est hier soir, dans l’émission “C dans l’air” sur France 5 (qui a dit “maso” ?) que j’ai entendu de baisse “probable” du marché immobilier dans la bouche d’une personnalité reconnue comme “experte” en économie.
Est-ce là le résultat d’un salutaire, bien que lent, retour à la raison devant la réalité sur le terrain ? Nenni. Il aura fallu cette crise du “subprime” pour qu’enfin les langues se délient. Il aura fallu attendre que la baisse du marché immobilier américain, commencée il y a deux ans maintenant, fasse s’écrouler un pan du marché des crédits US, et provoque un début de crise financière mondiale pour qu’enfin on s’inquiète des prix de l’immobilier en France qui ont perdu tout contact avec la réalité (plus c’est vieux, plus c’est cher… et ça ne choque pas grand-monde).
Ce matin, en explorant un peu le net à ce sujet, je suis tombé sur cette discussion :
Bonjour, j’ai acheté un logement à Carcassonne dans le cadre de la loi de Robien. Le bien m’a été livré en Avril dernier et depuis toujous pas de locataire. Je possede une assurance absence de locataire qui couvre pour l’instant les frais. Mais je suis en train de me rendre compte que le marché locatif sur la région est saturé. J’ai fais confiance au conseiller et je ne me suis pas preoccupée de ça avant l’achat. De plus le package proposé avait l’air bien entendu très interessant.
J’envisage donc de revendre le bien avant que ce ne soit une catastrophe financière pour moi.
Connaissez-vous les plans “De Robien” ? Pour faire court, il s’agit d’un moyen d’inciter les contribuables à investir dans le logement neuf pour le mettre en location, en échange d’une “substantielle” défiscalisation. Le tout est d’arriver à trouver un locataire dans l’année qui suit l’achat. Le but recherché par l’état est clair : financer le logement social grâce peuple français qui adore l’immobilier (mais aussi un peu trop l’épargne), et qui déteste le fisc.
Les avantages ne manquent pas. D’une, le contribuable accepte de donner son argent. De deux, ça fait moins de patrimoine à gérer, et donc de fonctionnaires à entretenir. De trois, ça permet à des entreprises privées de faire des affaires, et c’est toujours bien de faire des cadeaux, surtout quand on est politicien. Et de quatre, si l’affaire tourne mal, le pigeon ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Pour que le succès soit total, surtout bien faire passer la loi dans un contexte de bulle immobilière savamment entretenu, notamment avec l’aide des médias : non non, l’immobilier ÇA NE PEUT PAS BAISSER, on vous dit !
De la même façon que certains surnomment le Loto “l’impôt sur l’ignorance des mathématiques” ou le tabac “l’impôt sur le danger consenti”, l’état a inventé “l’impôt sur la haine du fisc”. Si vous n’aimez pas donner des sous à l’état, ce n’est pas grave : donnez-en encore plus à des promoteurs ! Financer le logement social directement par le français moyen en lui faisant croire qu’il va pouvoir s’enrichir sans rien faire : voilà le nouveau visage de la con-tribution !
Ca paraît énorme comme ça, mais en usant de l’effet mystique exercé par l’exonération d’impôts, ça a marché. Et tellement bien qu’en deux ans, les logements neufs ont poussé comme des champignons, surtout dans les endroits paumés (pour inciter les nouveaux “propriétaires” à déléguer la gérance), et de nombreux ménages se retrouvent à louer leur résidence principale tout en étant propriétaire d’un tas de pierre qui n’intéresse personne, voire inexploitable à cause des retards de construction.
Maintenant, petite devinette : pensez-vous qu’il existe un rapport entre la crise immobilière US et le million de logements neufs qui n’ont jamais trouvé preneur là-bas ?