Apple se la joue Microsoft
samedi 22 mars 2008On se souvient encore de la polémique de l’été 2006 : Microsoft avait annoncé vouloir distribuer Internet Explorer 7 en tant que mise à jour critique de Windows XP, via le logiciel Windows Update. Même si Firefox avait déjà réussi à se faire une jolie place sur le marché des navigateurs web, les cicatrices de la guerre Microsoft-Netscape étaient encore loin d’être refermées. Ce procédé, qu’il fût perfide ou maladroit, ne montrait que trop bien l’inutilité des sanctions subies par Microsoft suite à au procès pour abus de position dominante. Le gouvernement américain l’avait lancé en pointant précisément du doigt l’intégration d’Internet Explorer au système d’exploitation Windows, lui assurant de facto l’adoption d’une énorme partie des utilisateurs de PC.
Apple, qui développe sur son propre navigateur Safari depuis plusieurs années, a l’an dernier décidé d’en faire profiter les utilisateurs de Windows. Jusqu’à maintenant, le logiciel étant en phase de beta-test, il fallait le télécharger et l’installer soi-même. Mais Apple a profité de la finalisation de la version 3.1, mardi dernier, pour en proposer l’installation aux les utilisateurs ayant activé le maintien à jour automatique d’iTunes :
Comme vous pouvez le voir, Safari y est présenté comme le navigateur le plus rapide et le plus facile à utiliser. On croirait presque entendre un speech de Steve Jobs. Personne ne s’attendait à une manoeuvre aussi audacieuse, qui ne manquera pas de faire des remous (qui ont déjà commencé du côté de Mozilla).
Il faut reconnaître que Safari pour Windows, depuis sa naissance, est un produit ambigu. Apple fait-elle de ce produit une fin en soi afin d’augmenter sa visibilité sur le marché des brouteurs, comme pour QuickTime, ou compte-t-elle sur lui pour amener plus d’utilisateurs vers le Mac, à la façon d’iTunes et de l’iPod ? Quoi qu’il en soit, au fil des mois et des annonces, Apple semble se déshiniber de plus en plus vis-à-vis du monde PC. Après les attaques publicitaires directes, voici que la pomme de Cupertino se met à vouloir retourner les procédés du géant de Redmont contre lui-même.
Reste que le procédé en question est, en effet, très discutable. Apple Software Update, comme son nom l’indique, est un outil de mise à jour, et non de distribution de nouveaux logiciels. Bien sûr, vouloir faire connaître d’autres produits à ses utilisateurs n’est pas un mal en soi, mais alors il faut éviter d’en provoquer l’installation par défaut, autrement dit que sa case ne soit pas déjà cochée. Je suis personnellement de ceux qui pestent régulièrement contre ces petits logiciels qui essayent, au moment de leur installation, de vous fourguer au passage leur toolbar ou autre gadget inutile en exigeant de vous une démarche active pour que ce ne soit pas le cas. J’ai tendance à rapprocher ce genre de manoeuvre des celles utiilisées par les sites web qui profitent de la crédulité des utilisateurs imprudents pour installer des malwares à leur insu.
Le summum de la malveillance aurait été que l’installeur en question fasse de Safari le navigateur par défaut, ce qui semble pas être le cas. Le pire est donc évité, mais il n’empêche qu’Apple prend ici un risque, surtout en ces temps où la paranoïa gagne peu à peu du terrain dans le monde troublé du PC sous Windows.
Ceci m’offre d’ailleurs une jolie transition vers une autre news, dont je vous ferai part demain.