Firefox 3 : on y est presque !
dimanche 18 mai 2008Bonne nouvelle pour tous ceux qui suivent l’actualité de Firefox, et même pour ceux qui aiment ce navigateur sans en suivre les péripéties (et ils sont de plus en plus nombreux, à en croire les stats mondiales) : Firefox 3.0 n’est plus très loin. En effet, la première version “release candidate” est sortie aujourd’hui, ce qui signifie que l’objectif annoncé par la fondation Mozilla de sortir la version finale à la mi-2008 a de bonnes chances d’être tenu. Et ça, quand on voit comment les délais sont souvent très extensibles dans le milieu du logiciel et surtout dans l’open source, c’est une performance qui fait plaisir à voir.
Avant de parler un peu plus en détail de cette fameuse version 3.0, puisque cela fait plusieurs mois que je la teste et plusieurs semaines qu’elle est devenu mon browser principal, je vais revenir sur ce curieux terme de “release candidate”. Comme vous le savez probablement déjà, la sortie des nouvelles versions des logiciels est le résultat d’un cycle en plusieurs étapes. Bien sûr, les méthodes peuvent varier entre les différents développeurs, mais on distingue globalement cinq stades successifs pour une version donnée :
- pre-alpha : il s’agit de versions réalisées au fil de l’eau du processus de développement et sont publiées soit après l’implémentation de caractéristiques annoncées (milestone), soit périodiquement (nightly builds). Les nouvelles fonctionnalités y sont ajoutés au fur et à mesure de leur mise au point, avec les risques d’incompatibilté que cela suppose. Ces pre-alpha sont généralement à usage purement interne car trop instables.
- alpha : cette étape marque la fin des ajouts de nouvelles fonctionnalités (feature-freeze) et le début des procédures de tests. Ces versions sont confiées aux testeurs de l’entreprise ainsi qu’à certains utilisateurs, triés sur le volet selon leur enthousiasme et leur réactivité. Le but est de traquer les bugs critiques, c’est-à-dire les plantages, les corruptions de fichiers et autres pertes de données, etc..
- beta : diffusées de manière beaucoup plus larges que les versions alpha, les beta ont pour objectif de permettre à un maximum d’utilisateur de tester le logiciel afin d’en découvrir tous les bugs bloquants, autrement dit ceux qui peuvent empêcher la mise en production du logiciel. Le beta-testing peut être ouvert à tout le monde, ce qui est très fréquent dans le monde de l’open-source avec l’aide de l’internet, ou réservé à certains utilisateurs privilégiés, tendance plus caractéristique des gros logiciels commerciaux.
- release candidate : chacune de ces versions est une version finale potentielle. Normalement, tous les bugs précédemment identifiés ont été corrigés, et on demande aux testeurs de se mettre dans des conditions aussi proches de la réalité que possible afin de valider le plus complètement possible le bon fonctionnement du programme. Certains bugs déjà connus mais considérés comme mineurs peuvent également attendre les premières release candidate pour être corrigés.
- finale : lorsqu’une release candidate a “tenu” suffisamment de temps sans remontée de bugs et qu’on est convaincu que son niveau de qualité est satisfaisant, elle est alors rebaptisée en version finale, ce qui signifie qu’elle est considérée comme bonne pour la diffusion de masse. Il s’agit d’une décision lourde de conséquence, surtout pour les gros logiciels commerciaux, car cette finalisation signe également le démarrage des processus de support client, dont la (sur)charge sera inversement proportionnelle à la qualité du cycle de développement décrit ci-dessus.
Afin de simplifier un peu tout ça, je vous ai fait un petit schéma récapitulatif :
Pour en revenir à Firefox 3.0, le fait que sa première release candidate soit sortie aujourd’hui signifie que la totalité/majorité des bugs connus ont été corrigés, et que l’équipe responsable de son développement pense que la version finale sera très proche de celle-ci. Vous pouvez donc la télécharger sans trop de craintes pour vous faire une idée, mais pensez tout de même à sauvegarder votre profil avant de l’installer, on ne sait jamais.
A la question “la version 3.0 vaut-elle le coup ?”, je répondrai OUI sans hésiter. Je n’entrerai pas dans les détails de ses nouvelles fonctionnalités (Tristan Nitot, président de Mozilla Europe s’en charge très bien lui-même), mais je dois avouer qu’en ce qui concerne la rapidité d’exécution des pages lourdes, et notamment celles faisant un usage intensif de JavaScript, les améliorations sont impressionnantes. Et elles le sont encore plus si vous êtes sur Macintosh ! Eh oui, la grosse différence de réactivité de Firefox entre les versions Mac et Windows est désormais un mauvais souvenir. Même NetVibes est devenu réactif sur mon Mac, c’est vous dire…
Attention, cependant : la majeure partie des extensions ne sont pas compatibles avec Firefox 3. Certaines sont mises à jour à chaque version beta et devraient logiquement l’être prochainement pour fonctionner avec la RC1, mais une bonne partie des développeurs d’extensions attendront la version finale avant de publier de nouvelles versions. Les impatients désireux de conserver l’usage de leurs extensions peuvent utiliser l’astuce qui consiste à taper “about:config” dans la barre d’adresse, puis d’utiliser le clic droit afin de créer une nouvelle variable de type boolean ayant pour nom extensions.checkCompatibility et pour valeur false, mais sans garantie de bon fonctionnement, cela va de soi.
Pour ce qui est de la gestion de la mémoire, je dirais que ce n’est pas le ciel bleu que Mozilla nous a annoncé, mais que c’est tout de même mieux que Firefox 2 (et donc BEAUCOUP mieux qu’Internet Explorer). Pour faire court : la gourmandise du brouteur, qui fait que le programme s’accapare de plus en plus de mémoire vive au fil du temps, se fait toujours sentir, mais moins fort. Au lancement, il commence par occuper 50 à 60 Mo, pour atteindre les 200-250 Mo à lui tout seul au bout de quelques heures de surf. Mais précisons que les autres navigateurs ont globalement le même défaut.
Pour finir, je tiens à saluer une idée que j’ai énormément apprécié : lorsque vous saisissez vos identifiants pour la première fois sur un site, Firefox vous propose de les sauvegarder pour ne pas à les taper à nouveau par la suite. Jusque-là rien d’extraordinaire, tous les autres brouteurs le font depuis belle lurette, Firefox 2 y compris. Mais Firefox 3, lui, a le bon goût de le faire dans une barre discrète en haut de l’écran, avec possibilité de répondre à la question APRES que la page protégée a eu le temps de se charger. Ainsi, vous pouvez attendre d’être sûr d’avoir tapé le bon login et le bon mot de passe avant de laisser Firefox stocker ces informations. C’est tout bête, mais c’est extrêmement bien vu, et mine de rien, Firefox 3.0 est le seul navigateur à le faire : même les gars de chez Opera, pourtant coutumiers de dénicher les idées qui simplifient la vie, n’y avaient pas encore pensé…