Archive pour 2008

Comment lire un disque vinyle sans platine

vendredi 11 janvier 2008

Les sites de social bookmarking sont l’objet de nombreuses critiques. On les accuse notamment de contribuer à l’uniformisation des goûts et de la culture, de regorger d’utilisateurs activistes qui cherchent à défendre des dogmes (technologiques, politiques, morales et religieuses, notamment) plus que la pertinence de l’information, ainsi que de permettre à certains petits malins de mettre en avant leur propre site web pour augmenter leur trafic et donc leurs revenus. Tout ceci est loin d’être faux, comme on finit par le constater avec un peu d’habitude.

Cela dit, ces sites présentent tout de même des intérêts non négligeables, à commencer par le pouvoir d’exhumer des sites qu’on avait déjà visité et apprécié, mais dont on a fini par perdre la trace. Et aujourd’hui c’est à Digg que je dois d’avoir retrouvé la page d’un internaute aux tendances un (gros) poil geek, que l’autre site communautaire Slashdot avait déjà linké dès sa parution en 2002. N’ayant pas de blog à l’époque, je n’avais rien écrit à se sujet, ce que sa résurgence m’invite à faire aujourd’hui.

Alors, qu’avons-nous donc sur cette page ? Figurez-vous qu’un brave bidouilleur qui ne savait pas quoi faire d’autre de ses vieux disques vinyle et de son temps libre avait imaginé un moyen plutôt original d’extraire la musique sans platine adéquate : utiliser son scanner à résolution maximale pour numériser les microsillons et en interpréter grahiquement le contenu sonore. C’est un peu le même concept que la lecture sur les lèvres appliquée au disque, pour vous donner un image.

Sillons numérisés

Les détails techniques sur le procédé utilisé pour la conversion sont plutôt chiches, et c’est bien dommage. Mais heureusement, on trouve en fin de page des extraits sonores qui présentent les résultats obtenus. La plupart ne sont guère convaincants, à l’exception de quelques-uns tout de même encourageants, jugez plutôt :

Ecoutez bien cet extrait, faites marcher votre mémoire auditive et je suis sûr que vous reconnaîtrez de quelle oeuvre il provient. Si vous donnez votre langue au chat, sélectionnez cette parenthèse avec votre souris : (Les Quatre Saisons de Vivaldi – l’Été, pourtant facile non ?)

Bon, d’accord, ce n’est définitivement pas une méthode très satisfaisante pour récupérer ses vieux disques, et il vaut nettement mieux faire l’investissement d’une petite de ces platines USB qui commencent à innonder le marché. Reste le côté futé et original de la manoeuvre, qui cumule deux des caractéristiques du geek bidouilleur : l’art de se débrouiller malgré le manque d’un équipement nécessaire et celui de pousser l’utilisation d’un appareil très au-delà de son usage initialement prévu.

Plans

Petit test rapide et gratuit pour tous les lecteurs de cette note : si vous trouvez cette idée stupide, c’est que vous n’êtes pas un geek. Si vous la trouvez géniale… lisez SlashDot !

Le coffre aux trésors du gamer nostalgique

dimanche 6 janvier 2008

A tous ceux qui ont suivi avec attention l’aventure RHUA que je vous ai contée l’année dernière (bah oui, c’était en décembre 2007), je voudrais dire ceci : vous en savez beaucoup, mais vous ne savez pas tout. Ha ! Eh oui, il a eu autre chose. Quelque chose AVANT. Oui, avant RHUA2, et même avant RHUA1. Encore un an auparavant, il y eut… The Old Gamer’s Treasure Chest. Qu’est-ce donc que cela ?

L’histoire remonte à octobre 2000. Je voulais offrir un cadeau à une personne qui était (encore) chère à mes yeux. J’avais obtenu, quelques mois plus tôt, de me faire offrir un graveur de CD (ce qui coûtait encore cher, à l’époque), en échange de m’occuper des diverses tâches de gravure pour toute la famille. Je me rappelle m’être suggéré de faire une petite compilation de musiques et de chansons spécialement pour cette personne. Voilà une idée qu’elle était bonne ! J’ai donc commencé à passer en revue mes divers CD et MP3 téléchargés (bouhhh, pas bien Napster !) et me suis mis au travail.

Dans ma sélection, j’avais commencé à butiner un peu partout, dans tous les styles, y compris… de la musique de jeux vidéo. J’en étais déjà un grand amateur et avais commencé à enregistrer les thèmes d’un certain nombre de jeux directement depuis mes consoles. Souvenirs, souvenirs… Fort bien, mais en l’an 2000, les musiques de jeux vidéo étaient encore plus méprisées qu’aujourd’hui, et qui plus est les thèmes dont je disposais provenaient presque tous de jeux assez vieux, et donc au sonorités marquées au fer rouge du “bip bip bip”. Et hop, voilà le doute qui commençait à s’installer… allais-je oser mélanger ces vieilleries parmi des morceaux “normaux” ? Au début, j’étais déterminé. Puis, j’ai commencé à vouloir les mettre à la fin de la compilation. Et finalement, je me suis retrouvé à faire deux disques séparés, en cherchant à me convaincre qu’au moins je pourrais inclure plus de morceaux. Mauvaise foi 1, Celeri zéro.

Toujours est-il que j’ai fini par me retrouver avec deux disques intéressants, chacun à leur façon. Sauf qu’au dernier moment, bougre d’éternel hésitant que je suis, je me suis dégonflé… J’ai fini par décider d’offrir le disque de musique “normale” mais pas celui avec les musiques de jeux vidéo. J’avoue, j’assumais mal ma nature de geek, en ce temps-là. J’ai donc fait une jolie jaquette et expédié la première compilation, intitulée au passage The Lonely Dreamer’s Starry Night, ainsi qu’une lettre dont le contenu était parfaitement inintéressant, la faute à mon incapacité de l’époque à faire la part des choses et à m’exprimer simplement.

Mais, en voulant être pragmatique, qu’allais-je donc faire de cette seconde compilation dont j’avais brusquement retiré la raison de vivre ? Eh bien je l’ai gardée pour moi. Je l’ai recueillie, je l’ai rassurée, je lui ai expliqué pourquoi elle ne pouvait pas encore sortir toute seule dans le monde extérieur, qu’il fallait qu’elle grandisse… et que les gens mûrissent un peu, aussi. Elle a paru ne pas trop m’en vouloir, ou du moins elle ne m’a rien reproché directement. Pour lui montrer combien je tenais à elle, je lui ai même donné un très joli nom : The Old Gamer’s Treasure Chest.

Et puis, à ma grande honte, je l’ai oubliée. A peine le temps de me consacrer un peu à autre chose pendant quelques mois que je me lançais ensuite dans le projet RHUA, avec les aléas que l’on sait…

Il y a quelques semaines, peu après avoir enfin mené à bout ce projet dont j’ai assez parlé durant tout le mois dernier, je suis retombé par hasard sur cette compil qui attendait toujours que je me consacre à nouveau à elle. M’a-t-elle appelé, comme l’avait fait RHUA2 ? Etait-ce le destin ? Je ne sais… En tout cas je me suis senti très bête, tout d’un coup, et je me suis promis de rendre hommage à cette pauvre petite compil qui dormait là, discrètement, avec l’espoir que son heure viendrait. Elle a même suivi mon déménagement fin 2005 sans se manifester, c’est vous dire.

Pour me faire pardonner, j’ai donc décidé de la remasteriser entièrement, en mettant à jour les musiques dont j’avais de meilleurs enregistrements depuis l’époque de sa création, en ajoutant des bruitages de transition et des effets pour donner plus de cohérence et de velouté à l’ensemble. Et puis, pour faire vraiment les choses bien, de plancher sur une chouette jaquette. Je ne la voulais pas simplement jolie, je la voulais sympa et exprimant l’essence de cette compilation. Après quelques bricolages au hasard, j’ai fini par avoir une idée qui m’a amusé tout en me donnant pas mal de travail.

Une fois que j’ai eu tout fini, j’ai procédé à la renaissance officielle de la petite compil, via mon graveur et mon imprimante. Je lui ai fait écouter et regarder l’ensemble et elle a beaucoup aimé. Elle m’a dit qu’elle me pardonnait mon indélicatesse et qu’elle était heureuse de ce qu’elle était devenue de par son “upgrade”. Enfin, pour marquer le coup, j’en parle aujourd’hui sur ce blog. Son existence aura désormais sa place dans l’histoire.

Voilà. C’était l’histoire de la petite compil qui dormit pendant 7 ans avant d’être achevée. Encore plus poignant que celle de RHUA II, en un sens… et pour un résultat graphique que je vous laisse juger à votre guise :

devant-devant

devant-derrière

derrière

J’en profite pour préciser qu’une certaine culture de geek, voire de “old gamer” est un plus indiscutable pour pouvoir vraiment savourer cette oeuv… euh cette création. Si elle ne vous fait pas sourire, ce n’est pas grave, c’est juste que nous n’avons pas le même background. :)

Faire-part de décès : R.I.P. DRM

vendredi 4 janvier 2008

Enfin, ça y est ! Sony BMG vient d’annoncer la mise en vente en ligne des morceaux non protégés contre la copie. Cela ne pourrait être qu’une transition vers le no-DRM comme il y en a déjà eu plusieurs en 2007, s’il ne s’agissait, cette fois-ci, du dernier grand éditeur de musique à ne pas l’avoir faite.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi la chronique de cette mort annoncée, en voici une brève rétrospective :
– le 2 avril 2007, Apple annonce la mise en vente de fichiers non protégés correspondant à ses morceaux du catalogue d’EMI ;
– le 9 août 2007, Universal annonce qu’elle vendra elle aussi des fichiers non-DRMisés (mais pas via iTunes) ;
– le 27 décembre 2007 (il y a une semaine), Amazon annonce la disponibilité de morceaux de Warner au format MP3 ;
– aujourd’hui, c’est Sony BMG prend le train parti sans elle et qui commençait à prendre beaucoup de vitesse.

En parallèle, on apprenait également aujourd’hui qu’aux Etats Unis, les ventes de CD ont chuté de 9% en 2007, alors que celles des boutiques en ligne ont augmenté de 45%. Autant que je me souvienne, la tendance n’est pas nouvelle, mais il s’agit des coefficients les plus forts jamais enregistrés. Le mouvement de dématérialisation de la musique est clairement en marche, et il y a fort à parier que l’abandon progressif des DRM a contribué à l’amplifier. Une belle leçon pour les maquignons du disque qui montre que le consommateurs, même s’il peut parfois en douter, dispose encore d’un certain pouvoir.

Reste un étrangeté : les majors du disque ont, à l’avis général, très mal pris la mutation numérique de la musique, comme en témoigne leur renoncement aux DRM. Et pendant ce temps-là, les éditeurs de films et de séries donnent l’impression de vouloir suivre exactement le même chemin : très grande timidité à ouvrir leur catalogue à la vente en ligne, sur-protection paranoïaque des fichiers (cf. les verrous multiples des Blu-Ray et HD-DVD) et comportement agressif vis-à-vis des consommateurs demandant plus de libertés dans l’utilisation de ce qu’ils ont acheté. And you’d think they’d ever learn…

Je profite de cette note pour souhaiter, sans grandiloquence ni emphase surdimentionnée, une bonne année 2008 à mes lecteurs.