Impossible d’y échapper : depuis dimanche matin, on n’entend parler que de ça. De quoi ? Je fais bien sûr référence à ce petit groupe de supporters de foot (tiens, comme par hasard) qui ont eu la fabuleuse idée de suivre une voie ferrée pour aller rejoindre leur bus à la sortie du stade.
Ce matin, je lisais une mini-interview du grand-père d’une des victimes, et celui-ci disait en substance qu’il attendait les résultats de l’enquête avant de porter plainte. Contre qui ? Il ne le disait pas explicitement, mais on sentait qu’il avait dans le collimateur, pêle-mêle, les responsables du stade, la compagnie de bus, les forces de l’ordre et la SNCF.
Parce qu’il est toujours facile, voire profitable, d’accuser les autres, j’observe que les occasions même les plus indéfendables de victimiser les inconscients sont de plus en plus souvent saisies avec une mauvaise foi qui n’a presque plus honte de s’afficher… quitte à vouloir dédouaner un groupe de 13 personnes, dont des adultes avec leurs enfants, qui ont trouvé qu’emprunter une passerelle de RER sans visibilité ni refuge pour s’écarter de la voie ferrée était une bonne idée.
Je suis de plus en plus effaré par la tendance globale qu’a le monde occidental à favoriser l’irresponsabilité individuelle, quitte à se retrouver à accuser n’importe quelle structure sociale de manquement aux règles de sécurité. Et aujourd’hui, un nouvel élément à charge a été trouvé : la porte grillagée qui était censée protéger l’accès aux rails et surtout au pont ferré traversant la Seine était apparemment mal fermée.
Alors ça y est, le bouc émissaire est tout trouvé : c’est la SNCF qui est responsable du carnage. Vite, préparons-nous à constituer les parties civiles ! Invoquons le fait que si la porte n’était pas fermée, alors c’était forcément une invitation à l’emprunter, et ce sans se demander POURQUOI cette porte faisait partie d’une barrière. Qui sait, la jurisprudence ainsi obtenue permettra peut-être d’innocenter nos futurs petits-enfants lorsqu’ils seront accusés de cambriolage ? Ben oui : “mais m’sieur l’juge, la porte était ouverte, j’avais le droit d’entrer, non ?”
Et dire que tant de français ricanent devant les grands procès à l’américaine… Ils connaissent le même problème, les millions de dollars de dommages et intérêts en prime, mais nous ne sommes pas si loin derrière eux. D’ailleurs ça me rappelle une quote de Bash.org :
The problem with America is stupidity. I’m not saying there should be a capital punishment for stupidity, but why don’t we just take the safety labels off of everything and let the problem solve itself?