Patrick Hernandez, ou le salaire de la fumisterie
dimanche 23 août 2009Cet après-midi, alors que je faisais un peu de ménage dans mon chez-moi, j’ai commis l’erreur de laisser la télévision allumée. À un moment, l’émission qui passait s’est mise à parler d’anciennes star du disco, et notamment d’un certain Patrick Hernandez.
Le nom ne me disait que très vaguement quelque chose, jusqu’à ce que j’apprenne qu’il s’agissait du compositeur et interprète de “Born To Be Alive”, cette espèce de sous-produit de ce que la culture anglo-saxonne abâtardie a pu engendrer en ses heures les plus sombres, mais qui a eu un succès gigantesque. De gustibus et coloribus non disputandum…
Si je vous en parle ici, c’est qu’à un moment, le documentaire révèle que grâce à ce simple hit, l’homme perçoit encore aujourd’hui plus de mille euros par jour. Depuis trente ans. Et pour un morceau auquel il n’a vraisemblablement pas consacré énormément d’énergie créative… L’esthète et le mélomane vous le confirmeront sans hésiter, et de toute façon, Hernandez révèle lui-même, en substance, que ce ne sont que quelques accords agrémentés d’un rythme de disco et de paroles en anglais pour faire plus cool.
Et le Patrick de se pavaner, encore et encore, malgré le fait que tous ses autres morceaux ont été des échecs et qu’il n’est plus connu aujourd’hui que grâce à la nostalgie, difficilement explicable, d’une génération qui ne se lasse pas de venir le voir chanter invariablement sur scène son seul et unique succès. Et lorsqu’il se vante d’avoir composé le troisième plus gros succès de chanson française à l’étranger, la coupe est pleine. Si la chanson française pouvait porter plainte pour insulte, elle gagnerait à tous les coups.
Depuis le temps que je cherchais un exemple particulièrement révélateur des méfaits des droits d’auteur tels qu’ils existent aujourd’hui, je crois l’avoir trouvé. Car s’il est évidemment juste qu’un succès soit rétribué, que peut-on penser quand on entend un compositeur déclarer, texto : “Ma situation est très confortable, parce que grâce à cet unique titre, je n’ai plus eu besoin de travailler de toute ma vie” ?