PSP Go home !
dimanche 4 octobre 2009Depuis une bonne décennie, maintenant, les gamers sont habitués à voir les nouvelles consoles de jeu vidéo lancées en grande pompe, appuyées par de lourdes campagnes de communication, moult événements organisé à minuit le jour fatidique, avec stands de démonstration, hôtesses court vêtues, petits fours, etc. Et si ces opérations ont tant d’impact, c’est qu’elles sont d’habitude répercutés dans les grandes enseignes plus ou moins spécialisées, que ce soit Micromania, la Fnac ou même Auchan.
Et pourtant, il est une console qui a débuté son cycle de vie commerciale cette semaine mais n’a pas eu droit à ces honneurs : la PSP Go. La plupart d’entre vous en ont sûrement déjà entendu parler, Sony ayant entretenu le buzz depuis de nombreux mois. Il s’agit de la petite soeur de la PSP, qui va maintenant sur ses cinq ans et n’a cependant toujours pas perdu son leadership en terme de puissance brute pour une console portable, ce qui est une performance dans le monde d’aujourd’hui. Il est donc logique que celui-ci n’évolue pas, la petite nouvelle étant à première vue principalement un relooking de la même bestiole. Mais qu’est-ce qui explique son lancement quasi-confidentiel, alors ?
C’est très simple : la PSP est une console faite PAR Sony et POUR Sony. Tous les autres acteurs du marché du jeu vidéo, à l’exception peut-être des éditeurs de jeux, ont été évincés de la stratégie de l’ogre japonais. La principale caractéristique de la PSP Go, en effet, est une double absence : celle du lecteur de disques UMD ainsi que du lecteur de Memory Stick. À présent, les jeux ne se distribueront plus qu’en ligne, via l’internet, et se stockeront sur une mémoire flash intégrée à la machine.
L’idée de Sony est claire comme de l’eau de roche : en mettant les boutiques hors-jeu au niveau software, la firme reprend la main sur l’ensemble de la distribution, ceci lui permettant de fixer les prix, de décider quels jeux mettre en avant… et surtout de tuer à la fois la concurrence et le marché de l’occasion. Et c’est là que le consommateur se voit lui aussi impacté par cette stratégie : il ne lui est possible ni de revendre des jeux achetés (sauf en vendant la console avec), ni de réutiliser ceux achetés avant la console. Sony est toujours resté évasif quant aux modalités d’échange des jeux sur UMD au moment d’acheter une PSP Go, on sait aujourd’hui pourquoi.
Le reste des caractéristiques de la machine sont à l’avenant : les câbles et connecteurs étant devenus propriétaires, aucun de vos anciens accessoires ne seront utilisables (à l’exception des écouteurs). Ne parlons pas de l’écran plus petit et du WiFi qui reste en 802.11b, donc limité à 11Mbps, des téléchargements lents, pendant lesquels on ne peut rien faire d’autre, et qui sont à recommencer à la moindre perte de connexion au net…
Bref, vous l’aurez compris, la PSP Go est une console qui ne bénéficiera qu’à une seule entité, Sony et personne d’autre. Pas étonnant qu’aucun grand magasin ne la mette en avant et qu’on n’ait pas vu de file d’attende devant les points de vente. Son concepteur a visiblement pris les autres acteurs du marché pour des imbéciles, et il est à souhaiter que la sanction sera proportionnée à l’offense. Quand on en arrive à vouloir faire payer plus cher qu’avant pour une console qui constitue une régression à tous les points de vue, c’est qu’on perd totalement le sens des réalités.
L’ironie, dans l’histoire, c’est que j’attendais plutôt ce genre de pratique de la part de Nintendo. Mais même le requin notoire, dont la position dominante aurait pu rendre la chose logique (à défaut de normale), n’a pas osé… Chapeau.