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Comment pousser un geek à mettre une cravate

dimanche 26 février 2006

C’est bien connu, si ça ne tenait qu’à lui, le geek irait au bureau habillé de la même façon qu’il habite chez lui, à savoir en vieux t-shirt, jean usé et baskets trouées. Et même si (hors cas extrêmes) il arrivent globalement à s’habiller de façon correcte pour aller travailler, il reste bien difficile de l’inciter à porter la cravate.

Cette cravate-là a-t-elle été créée pour inverser la tendance ?

Cravate MP3 !

Eh oui, comme le montre la photo, cette cravate est équipée d’une petite poche à l’arrière destinée à accueillir un lecteur MP3, du gabarit de l’iPod Nano d’Apple. Le geek étant souvent du genre à aimer écouter de la musique en travaillant (c’est moins rébarbatif que les collègues discutant toute la journée de boulot, de RTT, de bagnoles et de gosses), voilà peut-être une bonne façon de les habituer à cet ornement absolument indispensable (!) qu’est la cravate.

A noter que, comme tout accessoire de geek qui se respecte, son prix est assez élévé : 95$ environ. Mais si c’est le patron qui exige le port de cravate, elle peut peut-être passer sur note de frais ?

Guillermito perd en appel

samedi 25 février 2006

Les gens courageux qui lisaient ma chronique et qui lisent aujourd’hui cette note (si si, ça doit bien exister, allez on y croit) se souviennent probablement de Guillermito et de l’affaire qui l’oppose à la société Tegam, ou plutôt ce qu’il en reste après sa liquidation judiciaire.

Ma chronique du 22 mai 2005 résume l’affaire et son jugement de première instance. Mardi dernier, la cour d’appel a confirmé le verdict. Arguant qu’on n’a pas le droit de décompiler un logiciel à d’autres fins que celles d’interopérabilité, Tegam est ainsi arrivée à ce qu’elle souhaitait : rendre coupable celui qui a osé démontrer la piètre qualité de son programme. Guillermito est donc définitivement condamné à 5 000 euros avec sursis et à 15 000 de dommages et intérêts.

Les juges français ont décidé que le secret industriel l’emporte sur la démarche d’évaluation complète du produit. Le procureur a d’ailleurs invoqué l’aptitude du marché, donc le consommateur, à juger lui-même la qualité des produits : “j’achète le produit, et s’il est mauvais j’en prends un autre”… Oui mais dans le domaine des anti-virus, comment l’utilisateur non-expert peut-il évaluer la qualité du produit sinon en constatant l’infection de son ordinateur et la perte de ses données ?

Avis aux amateurs, donc : en France, si vous souhaitez montrer qu’un logiciel est mauvais, et même s’il s’agit d’un logiciel dont les défauts mettent en danger l’intégrité de vos données, il faut prendre beaucoup de pincettes. Commencez par acheter le mauvais logiciel (prenez une profonde inspiration et ne regardez pas le prix), et puis cantonnez-vous à de simples tests d’utilisation ne demandant pas d’examiner le fonctionnement interne du programme. Si possible sur un ordinateur à part et, sinon, pensez à bien sauvegarder vos données.

Si l’évaluation d’un médicament se résumait à sa mise sur le marché et au comptage du nombre de patients non-guéris et des victimes d’effets secondaires, vous imaginez le scandale ? Eh bien c’est pourtant comme ça que la justice française envisage les anti-virus pour ordinateur ! Et Guillermito de conclure, sur son site web : “Dormez tranquilles, citoyens, tous vos logiciels sont parfaits.

Pourquoi personne n’a encore droit à la HD

vendredi 17 février 2006

Le sigle “HDCP” n’est pas parlant à tout le monde. En revanche, “HD” tout court, là ça résonne plus fort. En effet, on nous annonce un peu partout que la “télé HD” est pour dans pas longtemps, la nouvelle génération des disques (à laser bleu) sont pour bientôt, que les prochains lecteurs vidéo sont déjà presque là, etc. Oui mais, petit problème : même avec un matériel haut de gamme acheté aujourd’hui, vous n’y aurez pas accès !

Ah, l’industrie des loisirs multimédia, on peut vraiment dire qu’elle ose tout, y compris quitte à risquer de s’auto-détruire. C’est vrai que jusqu’ici, elle s’en sort plutôt bien : elle a réussi à forcer la plupart des gens à racheter au prix fort leur vidéothèque au format DVD, à vendre 3 euros des chansons d’une minute sur des mobiles, à empêcher les gens d’utiliser leurs acquisitions légales comme ils l’entendent sans qu’ils râlent trop… Le mini-scandale qui se profile à l’horizon est dans la même veine, mais cette fois-ci il pourrait bien faire mal.

Essayons de résumer simplement l’affaire. Pour pouvoir lire la prochaine génération des disques vidéo (BRD de Sony ou HD-DVD de Toshiba, la guerre continue), il ne va pas suffire d’acheter un lecteur et ses galettes comme pour le DVD. Comme les éditeurs sont persuadés que chaque consommateur est un pirate qui passe sa vie à tout copier illégalement entre copain ou via l’internet, ils ont décidé que cette fois-ci, il va falloir revoir toute la “chaine” vidéo : du lecteur de disque à proprement parler à l’écran en passant par la carte électronique d’affichage, les données audio et vidéo seront entièrement numériques et cryptées. C’est là le rôle de la norme HDCP (High-bandwidth Digital Content Protection).

Evidemment, il y aura une incompatibilité entre les nouveaux lecteurs et les anciennes télés. Au mieux, la qualité du rendu sur une télé ordinaire approchera de celle d’un DVD classique. Au pire, ce sera l’image noire. Ceux qui ont acheté leur écran plasma à 3000 euros pour noël apprécieront. Mais l’affaire n’est pas là, non. Ceci est considéré comme “normal” dans le monde de la vidéo. Et les gens, même en bougonnant, finiront par racheter une télé. Au moins avec les écrans, les choses sont claires : les modèles “HDCP ready” se comptent sur le doigt d’une main. Ce qui est en revanche plus pervers, c’est ce qui se passe au niveau des cartes graphiques. Car sur les boîtes où elles sont vendues, beaucoup exhibent un fier “HDCP compliant”. Notez bien la différence de qualificatif, car il change tout.

Dans le monde de l’électronque “ready” signifie “c’est bon, ça marche, vous pouvez l’utiliser”, alors que “compliant” veut dire “le produit est CAPABLE de le faire”. Et plus concrètement, dans le cas des cartes graphiques “HDCP compliant” depuis maintenant presque deux ans, l’électronique nécessaire est effectivement présente, mais il leur manque la puce contenant les clés de décryptage. Et d’après les réponses données à ceux qui ont interrogé les constructeurs, aucune mise à jour n’est à prévoir pour ces cartes, qui continuent donc à se vendre aujourd’hui en faisant croire à une compatibilité HD alors qu’elle est inexistante.

Raison invoquée – en subtance – par ATI et nVidia : “Aujourd’hui la demande explicite pour la compatibilité HD est inexistante, pourquoi donc devrions-nous ajouter une puce de quelques centimes sur nos cartes ?” Eh oui, les constructeurs n’ont pas envie de payer les royalties tant que l’engoûement pour la HD n’est pas suffisant… Le pire, c’est que l’explication est logique et inattaquable. Juste moralement condamnable vis-à-vis de ceux qui n’ont pas fait attention au détail qui tue. Ce n’est donc pas un scandale. Mais j’ai quand même envie de suivre la conclusion de l’article de Ars Technica qui parle du même problème :

Quand on expliquera à tant de gens que leurs équipements ne sauront pas faire ce qu’ils sont censés faire – ce pour quoi ils ont payé – beaucoup n’apprécieront pas du tout. L’industrie des contenus multimédias s’en sortira avec un dommage certain à leur image, celui d’une étiquette “CUPIDE” collée à son front. Et quelques-uns réaliseront qu’il s’agit là d’une incroyable ironie : les contenus HD des studios ne pourront pas être lus sur leur télévision ou sur leur ordinateur alors que les contenus HD réalisés par les pirates le pourront, eux.

Détention provisoire : à vous de juger !

mardi 14 février 2006

Pas de technocratie dans cette note, qui a pour but de signaler un article extrêmement instructif de la part de Maître Eolas, l’avocat le plus connu de la blogosphère.

En ces temps où le rôle des juges est un peu chahuté, notre vénéré avocat-bloggeur vous invite à vous glisser dans la peau d’un juge des libertés et de la détention. Vous savez, celui qui décide, sur demande du procureur, de l’éventuelle mise en détention provisoire d’un prévenu pendant que l’instruction se poursuit. 4 affaires très vraisemblables (car vécues, apparemment) nous sont ainsi présentées avec force détails ainsi que les arguments du procureur et de l’avocat.

C’est une lecture certes longue pour un exercice non moins difficile, mais qui permet de se rendre compte à quel point la justice ne doit pas être envisagée comme quelque chose d’automatique. Les incertitudes, les facteurs humains et les conséquences envisageables de la décision sont autant de poids dans une balance qui paraîtra forcément déséquilibrée au final (soit on est libre, soit on est incarcéré, avec tous les risques que cela implique).

L’affaire d’Outreau a mis en évidence des disfonctionnements du mécanisme judiciaire, mais la passion qu’elle suscite dans l’opinion a tendance à occulter la difficulté qu’il peut y avoir à rendre justice. Car pour une affaire clairement mal gérée, combien d’erreurs judiciaires suite à une décision “logique” qui, par malheur, n’était pas la bonne ? Qui a la faculté de comprendre la vie et d’évaluer la dangerosité d’une personne, en quelques minutes et en ne se basant que sur un dossier, par nature incomplet ? Et puis n’était-ce pas la même opinion publique qui, il y a à peine quelques années criait au scandale suite au maintien en liberté de prévenus ?

Ce débat éternel est devenu brûlant, et on peut se douter que la chaleur des projecteurs médiatiques ne vont pas favoriser sa bonne tenue.

Cuisine mobile : un oeuf cuit au cellulaire

jeudi 9 février 2006

Imaginez un instant : il est minuit, une fringale vous tombe dessus. Tout ce que votre frigidaire a à vous offrir est un oeuf, et votre cuisinière est en attente de réparation. Comment faire pour manger votre oeuf autrement que cru malgré tout ?

Mobile egg cooking

Pour peu que vous disposiez de deux téléphones portables en état de fonctionner, il est possible de le faire cuire “coque” grâce à eux ! En tout cas, c’est ce que dit cet article

La méthode est assez simple. Pour résumer, il faut placer les deux téléphones de part et d’autre de l’oeuf (dans le coin de la pièce où le réseau est le plus faible, de façon à ce que le signal soit le plus fort), lancer un appel de l’un à l’autre et placer une radio en marche devant eux, de façon à leur faire envoyer des données en continu. Dans des conditions optimales, le temps de cuisson arriverait à descendre jusqu’aux trois minutes d’une casserole d’eau bouillante.

Bien sûr, c’est un didacticiel à prendre avec des pincettes. Les adeptes de thermodynamique pourront par exemple objecter qu’en considérant que :
– un oeuf pesant environ 50 grammes,
– 1 calorie est nécessaire pour augmenter la température d’1 gramme d’eau de 1 degré,
– 1 calorie = environ 4 joules,
– 1 joule = 1 watt-seconde,
– la température de la pièce étant de 20 degrés,
faire augmenter les 50 grammes de l’oeuf de 80 degrés (pour atteindre 100°C, température d’ébullition) demanderait donc environ 16000 joules, soit plus d’un heure d’exposition à deux transmissions continues de 2 Watts chacune.

La vérité est probablement située entre les deux versions. D’un côté l’oeuf n’a pas à bouillir dans sa coquille (et heureusement), mais de l’autre on imagine mal deux signaux aussi faibles fournir autant d’énergie que 750 cm² de contact avec une eau bouillante. Et puis, rien n’indique que la cuisson au cellulaire soit favorable au goût de l’oeuf : après tout, on est ici très proche du fonctionnement d’un micro-ondes, lequel, comme chacun sait, n’est pas connu pour bien traiter les oeufs !

L’article reste néanmoins une première dans les annales de la cuisine et sa lecture distrayante de par sa forme. Et il a le mérite de rappeler en filigrane qu’un téléphone portable émet des fréquences proches de celles de nos fours à micro-ondes, donc potentiellement dangereuses pour notre cerveau et ainsi qu’en l’absence de résultats d’études sérieuses à long terme sur la question, mieux vaut être prudent.

Sur Mac, on veut du PC

jeudi 26 janvier 2006

La sortie récente des deux premiers modèles de Macintosh à base de processeur Intel a vu l’ouverture d’une sorte de concours : qui sera le premier à faire démarrer son Mac sous Windows ? Jusqu’à présent, des solutions d’émulation le permettaient mais au prix de performances nettement dégradées et d’une compatibilité plutôt faillible.

En annonçant le passage de l’architecture d’IBM à celle d’Intel, les responsables d’Apple ont affirmé vouloir tout faire pour qu’un PC ne puisse pas faire tourner Mac OS mais qu’ils ne chercheraient pas à empêcher les gens à faire tourner Windows sur les Mac. Malheureusement, le choix technologique de l’EFI en lieu et place de l’indécrottable BIOS des PC actuels empêche les versions actuelles de Windows de tourner. Faudra-t-il attendre le prochain Vista ?

En tout cas, ça n’empêche pas une armée de bidouilleurs de travailler jour et nuit à trouver une solution. Certains ont d’ailleurs rendu leur iMac flambant neuf tout simplement inutilisable. Et ceux qui n’ont pas les compétences ou le courage de bidouiller surveillent de près les sites spécialisés, dans l’espoir de voir le miracle se produire. L’un d’entre eux a même plus ou moins officialisé le concours en organisant une collecte d’argent dont le fruit ira au premier qui proposera une solution suffisamment simple et efficace pour booter Windows sur Macintel.

Une telle réaction est-elle logique ? Si on met de côté le clivage idéologique existant entre utilisateurs de Mac et utilisateurs de PC, le concept du “dual boot” semble plaisante sur le papier, mais souvent contredite par la pratique. En effet, le fait de devoir redémarrer son ordinateur pour pouvoir utiliser tel ou tel logiciel et, donc, l’impossibilité d’exploiter les deux environnements en même temps, finit presque toujours par forcer au choix de l’un d’entre eux.

Pour ceux qui veulent réellement le meilleur des deux mondes, les technologies de virtualisation sont bien plus prometteuses. La virtualisation, c’est le fait de faire fonctionner en parallèle plusieurs environnements sur le même matériel, comme si on disposait d’autant de machines distinctes. Ces “machines virtuelles” partagent donc toutes les ressources de l’ordinateur (processeur, mémoire, périphériques) à leur façon et avec leurs propres applications. Et c’est d’autant plus intéressant que des échanges entre les machines sont souvent possibles. Et un environnement peut complètement planter, voire perdre ses données, sans jamais interférer sur le fonctionnement de l’autre. Bref, une souplesse et une sécurité qu’aucun multi-boot ne pourra jamais approcher.

Nos claviers, ces nids à microbes

mercredi 18 janvier 2006

Un canard informatique suédois a mené une étude au résultat étonnant, quoique logique : les claviers de nos ordinateurs seraient de véritables bouillons de culture, recouverts de bactéries et autres saletés peu recommandables aux gens inquiets pour leur santé.

Afin de savoir ce qui se cache sur les touches de claviers, le magazine PC För Alla a commandé une étude de la question à Pegasus Lab. Lequel dit avoir trouvé, sur un clavier typique, quelque 33 000 bactéries et 3 100 champignons différents. Les touches “espace” et “entrée” seraient les plus virulentes, car les plus fréquemment utilisées.

L’article ne précise pas sur combien d’ordinateurs ont été menées les mesures ni s’il s’agissait de matériels personnels ou professionnels, mais ça donne tout de même une indication… surtout quand on apprend qu’une cuvette de toilettes normale, elle, n’abrite que 265 bactéries en moyenne ! Quand on pense à ceux qui placent consciencieusement une ou deux épaisseurs de papier hygiénique sur la cuvette avant d’y poser leur séant…

Alors, faut-il mettre des gants avant de taper un mail ? Faut-il laver son clavier tous les jours et après son utilisation par un ami ou collègue ? Faut-il se laver les mains après avoir cliqué sur sa souris ? Sans être un expert en la matière, j’aurais tendance à dire : pas plus que nous réagissons de la sorte avec les poignées de porte, les pièces de monnaie ou tout simplement les mains des autres personnes. Ce qui ne veut pas dire jamais, bien entendu !

Publicité (quasi) gratuite grâce aux satellites

mardi 17 janvier 2006

L’engouement des services modernes proposés par Google est un terreau naturel aux idées mercantiles de tous bords. Et ces derniers jours, c’est Google Maps qui commence à être utilisé pour générer de la publicité. Comme vous le savez probablement, il s’agit du service de cartographie satellite que propose la firme, sous la forme d’un site web, Google Local, et d’un logiciel Google Earth, ce dernier étant, il faut le reconnaître, assez bluffant par ses capacités et l’étendue de ses données.

Un moyen déjà connu, puisqu’officiel, est d’ajouter les coordonnées de sa boutique directement sur le site de Google, ce qui passe par une procédure assez simple. On peut ainsi référencer son activité sur les cartes de Google qui les mettra en évidence par de petites icônes sur les cartes schématiques. Petit exemple illustratif : vous cherchez une pizzéria à New York ?

Autre astuce, plus récente : comme ces images satellite sont mises à jour régulièrement (mais avec une fréquence variable selon la densité des lieux), des commerçants malins ont commencé à peindre leur logo sur leur toiture afin d’être visibles sur les images satellite, comme par exemple ce Target Store basé non loin de l’aéroport international de Chicago. Coût de financement : du matériel de peinture et éventuellement un peintre professionnel… autrement dit presque rien.

Une zone étant, en général, surtout “visitée” par ses propres riverains, ce nouveau type de publicité a donc un impact potentiel très fort de par sa proximité. Et si l’ajout de références sur les cartes de Google fait l’objet de contrats publicitaires (comme pour les liens sponsorisés sur les pages de recherche web, par exemple), l’astuce des toitures peintes, elle, a tout d’une nouvelle forme de “publicité sauvage”. Demander de l’argent à ces carto-squatteurs ne sera probablement pas chose aisée, surtout depuis que des concurrents comme Microsoft proposent des services d’imagerie similaires… à qui le fruit du sponsoring ?

DADVSI : de l’eau dans le vin ministériel

lundi 16 janvier 2006

Après la fessée parlementaire le 21 décembre dernier, le ministre de la culture veut montrer qu’il travaille à “clarifier” son texte, comme il avait annoncé vouloir le faire. A cet effet, un communiqué a été publié samedi dernier et fait état des prochaines modifications du projet de loi DADVSI qui devrait repasser devant les parlementaires début février prochain.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en effet le ministre donne l’impression d’avoir potassé un peu son sujet, car les points abordés par le communiqué sont précisément les sujets qui fâchent. Le droit à la copie privée, par exemple, devra prévoir un nombre “suffisant” de copies en fonction du support. La notion de “contournement des mesures techniques de protection”, pour sa part, devrait évoluer pour tenir compte de l’interopérabilité nécessaire à la lecture sur tout type de média.

Au sujet des sanctions, il est toujours au programme de poursuivre les auteurs de logiciels “peer to peer” destinés à la piraterie (on ne sait toujours pas quel sera le discriminant, vu qu’on peut pirater aussi bien par eMule que par mail, messagerie instantanée, FTP…) et la fameuse “réponse graduée” sont toujours d’actualité, afin de différencier les gros pirates, qui copient en masse et revendent, des petits, qui téléchargent occasionnellement et pour leur utilisation personnelle. Libération croit savoir que le projet d’autorité administrative chargée de la faire appliquer passera à la trappe au bénéfice des tribunaux, pour ne pas inquiéter ceux qui redoutaient l’apparition d’une “police privée de l’internet aux pouvoirs exorbitants”. Et de son côté, Le Journal du Dimanche, cité par PC INpact, affirmerait que “le gouvernement veut sanctionner de 150 euros le fait de casser ou contourner la protection DRM et copier le disque d’un proche. Par contre, contourner un verrou anticopie pour transférer un disque sur sa PSP ou son iPod ne serait pas sanctionné.” On s’approcherait donc d’une certaine reconnaissance du “fair use”, autrement dit le droit d’utiliser à sa convenance un fichier légalement acquis, tant que cela reste pour soi-même ou ses proches.

Enfin, le ministre a affirmé vouloir mettre en place une mission parlementaire chargée d’évaluer les effets de la loi dès la fin de sa première année d’application. Riposte indirecte adressée à la commission européenne qui menace plus que jamais la France de sanctions pour retard de transposition de la loi EUCD alors qu’elle-même n’a toujours pas produit son rapport sur les effets de cette même loi pourtant promis pour fin 2004 ? 8 mois après le “non” à la constitution européenne, le DADVSI engendre les premières actions pour protester contre ce côté obtus de la force eurocrate.

Bref, on peut dire que M. Donnedieu-Devabre tient à faire passer le DADVSI à tout prix, et ces annonces le montrent, tout comme l’énorme opération de séduction menée auprès des députés UMP, et même auprès d’une poignée de bloggeurs influent de la scène française (Bertrand Lemaire, Tristant Nitot, Thomas Clément, Loïc le Meur, Cyril Fievet…), qu’il veut le faire savoir. Certains esprits vifs se sont offusqués d’une tentative de cyber-brainwashing, mais gardons la tête froide : cette campagne n’est pas une mauvaise chose, si tant est que la parole donnée sera respectée à l’écrit au moment du vote à l’assemblée.

Juger ces modifications et le texte final qui en découlera ne peut se faire à l’heure actuelle tant la fièvre demeure, mais une chose est claire : nous devons remercier ces députés du 21 décembre 2005 qui, par leur action, ont permis au débat de revenir sur la scène nationale. N’oublions pas que le projet de loi devait passer dans l’urgence, à un moment peu propice aux grandes discussions et sous le coup d’une quasi-impasse médiatique. L’idée de licence globale qui a émergé à cette occasion n’en est probablement pas une bonne en soi, mais sans ce coup d’éclat et toute la caisse de résonance organisée par nombre d’associations, et notamment EUCD.info, l’ensemble de ce texte outrancier et liberticide serait passé comme une lettre à la poste, sous les regards jubilants des grands éditeurs de musique et de logiciels.

Scanner musical

jeudi 12 janvier 2006

Certains geeks ne se contentent pas de pratiquer à outrance l’informatique ou collectionner les gadgets high-tech mais aiment détourner leurs appareils de leurs utilisations classiques. Et quel bel exemple que celui de GanjaTron, qui a réussi à utiliser son vieux scanner comme… un instrument de musique !

HP ScanJet

Explications : les modèles HP ScanJet 4c et 4p intègrent, dans leur langage de pilotage, une instruction non-officielle appelée “PLAYTUNE”. Celle-ci ingère une suite de notes de hauteur et de durée variables et modifie la vitesse de déplacement de la tête du scanner afin de produire les notes demandées. Bref, le scanner devient un vrai petit synthétiseur (production d’un son) et son pilote un véritable petit séquenceur (pilotage de l’instrument) numérique.

L’auteur du site propose un petit exemple en démonstration : la fameuse “lettre à Elise” de Beethoven, sous forme de programme prêt à lancer (pour ceux possédant le scanner, bien évidemment), et, pour les autres, une vidéo MPEG.

Bien sûr, la qualité du son obtenue n’est pas digne des vrais synthés, et la façon d’écrire ses morceaux est *un poil* plus complexe que les logiciels de séquençage modernes, mais la bidouille a le mérite d’être originale et amusante. Après tout, la création sonore n’a de limite que celle des harmoniques audibles et de toutes leurs combinaisons.