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Open mousse

vendredi 22 juillet 2005

Certaines personnes aimant la vulgarisation comparent souvent la programmation d’un logiciel à une recette de cuisine : rassembler les ingrédients (variables, données…) et les cuisiner de façon logique (formules, algorithmes…). Cette métaphorisation vient aujourd’hui de trouver une étonnante concrétisation : un groupe d’étudiants danois de l’université de Copenhague vient d’inventer une bière en open source.

Pour décrire brièvement l’open source, il s’agit d’une façon de distribuer le logiciel qui serait l’équivalent de distribuer un album de musique avec ses partitions : en plus du logiciel sous forme utilisable (binaire), vous disposez de son code source. Vous pouvez dès lors le modifier pour l’adapter à vos besoins puis le distribuer à votre tour. Tout ce qui vous est alors demandé est que votre création soit soumise rigoureusement à la même licence, afin que d’autres puissent faire de même avec votre propre version.

“Vores Øl” (“notre bière”), puisque c’est son nom, est donc une bière placée sous licence libre Creative Commons : n’importe qui peut donc en produire, en vendre et en produire un dérivé, à condition de mentionner ses sources et d’expliquer les changements qu’il y a apporté. L’idée est ainsi d’arriver progressivement à de multiples recettes élaborées et pouvant répondre aux goûts de tout un chacun, faisant ainsi bénéficier tout le monde de la valeur ajoutée individuelle.

Ce n’est pas une idée qui va bouleverser le monde de la bière, bien sûr, les cadors du houblon n’étant sûrement pas disposés à révéler leurs secrets. Mais il est toujours agréable de voir qu’en parallèle de ce monde sur-marchandisé, l’effort solidaire continue d’être soutenu par des initiatives volontaires. Et puis, comme je le disais en introduction, c’est une sympathique façon d’illustrer la nature et les avantages du logiciel libre.

J’en profite pour vous faire part d’une autre fort jolie métaphore de l’open source, racontée par Tristant Nitot, fondateur du pendant européen de la fondation Mozilla.

Microsoft veut VRAIMENT être partout

mardi 12 juillet 2005

Le magazine en ligne CNet vient de publier la liste des 10 logiciels les plus populaires de ces 10 dernières années.

Je vais me permettre d’utiliser ce classement pour mettre en avant un avis que je défends énergiquement : Microsoft n’invente rien mais envahit tout. Certes, c’est dit de façon un peu directe et totalitaire de décrire les choses, alors illustrons-là en scrutant cette liste :

    1erICQ : MS a récupéré l’idée avec MSN Messenger, après que AOL l’ai fait avec AIM.

    2èmeWinAmp : MS a beaucoup misé sur les fonctions musicales de Media Player à partir de la version 7, après que le MP3 ait commencé à se populariser.

    3èmeNapster : MS a annoncé récemment la venue d’Avalanche, un concurrent de BitTorrent, emblème actuel du P2P, comme l’a été Napster en son temps.

    4èmeFirefox : Faut-il parler d’Internet Explorer, qui a été développé à la hâte devant le succès de Netscape à peine quelques années après que Bill Gates ait dit que l’internet ne décollerait jamais ?

    5èmeWinZip : MS a intégré un moteur pour fichiers Zip dans l’explorateur de Windows, mais là c’est vrai que devant le standard qu’est devenu le format .zip, c’est normal.

    6èmeiTunes : MS s’est lancé dans la musique en ligne l’an dernier, encore une fois à la hâte, après qu’Apple ait révélé ses excellents chiffres de vente de musique en ligne et que de nombreux concurrents (Real, AOL, MusicMatch…) aient annoncé leur entrée sur le marché.

    7èmeAd-Aware : MS a lancé un anti-spyware il y a quelques mois, racheté à Giant, et encore en phase beta à l’heure actuelle alors que Ad-Aware et SpyBot font partie de la trousse à outils de base depuis plus d’un an.

    8èmeSkype : MS a annoncé la semaine dernière un partenariat de téléphonie via ADSL avec France Télécom pour concurrencer le modèle très novateur de ce logiciel qui a bouleversé le monde de la voix sur IP.

    9èmeRealPlayer : c’est à Real qu’on doit les premiers protocoles de streaming audio&vidéo, concept que MS a par la suite récupéré dans Media Player.

    10èmeAcrobat Reader : le standard indéniable (et surtout libre) qu’est devenu le PDF fait peur à MS, qui a annoncé en avril dernier un format concurrent (mais non libre) : Metro.

Je ne juge pas ici de la qualité des produits (ou des annonces) de Microsoft, mais me contente juste de montrer à quel point la firme s’infiltre absolument partout dans le milieu de l’informatique. Et ce n’est ici qu’un petit aperçu parmi les logiciels les plus populaires, ne tenant pas compte des autres grands succès ni des secteurs professionnels.

Brevets logiciels : NON c’est NON !

mercredi 6 juillet 2005

“On ne se fiche pas de nous aussi facilement”, voilà en gros ce qu’a signifié aujourd’hui le Parlement Européen à la Commission Européenne à propos de “la brevetabilité des inventions mises en oeuvre par ordinateur”, c’est à dire les brevets logiciels.

Visiblement toujours remontés contre la commission qui avait déjà ignoré toutes ses corrections et recommandations, le parlement frappe ici un grand coup en rejetant totalement le texte en seconde lecture, et ce par une quasi-unanimité de 648 voix contre 14. Un joli camouflet, donc, qui n’arrangera pas les relations parfois difficiles entre les deux instances, mais qui soulagera au moins les PME du secteur informatique ainsi que les nombreuses personnes qui en ont perçu les risques d’une possibilités de breveter les idées.

Le projet de loi est donc stoppé net. Pour l’instant du moins. En effet, Bruxelles a annoncé hier ne pas compter présenter de nouvelle proposition en cas de rejet. Mais ne nous attendons pas à ce que ceux qui défendaient les brevets logiciels en y voyant un moyen de s’enrichir à peu de frais (je pense aux principaux groupes lobbyistes particulièrement actifs comme Microsoft Alcatel ou Nokia) abandonnent si facilement. L’idée reviendra fatalement sous une forme ou une autre. Cela dit, les manoeuvres peu déonthologiques de la commission ont alerté les esprits et les a sensibilisés aux dangers des brevets, et ça ne sera plus aussi facile de passer en force.

Windows : toujours plus rapide…

mardi 5 juillet 2005

…pour se faire infecter.

La “durée de vie de l’ordinateur avant infection fatale” va-t-elle devenir une mesure reconnue de la sécurité informatique ? L’idée est simple : prenez un ordinateur tout neuf, branchez-le au net via une connexion permanente, et sortez le chronomètre !

Vous vous souvenez des 20 petites minutes de moyenne qui étaient suffisantes à un Windows XP de base (non patché) pour se faire infecter par un virus une fois connecté au net ? L’étude réalisée par Sophos, une compagnie anglaise de sécurité informatique, est sans appel : ce temps est passé à 12 minutes pour que le PC ait 50% de chances de se ramasse un virus sans aucune intervention de l’utilisateur.

En parallèle à cela, l’étude affirme que le nombre de virus a augmenté de 59% en l’espace d’un an, et celui du phishing de 226%.

Que de nouvelles rassurantes pour le monde merveilleux du système que 95% des gens utilisent sans se demander franchement s’il ne faudrait pas penser à en changer un jour !

Spam : “si si, j’ai moins de 13 ans, promis !”

samedi 2 juillet 2005

Une toute récente loi votée dans l’état du Michigan aux USA entend sanctionner lourdement tout spam adressé à un enfant de moins de 13 ans. Enfin pas tout à fait n’importe quel spam : juste celui relatif aux produits qu’un enfant n’a pas le droit de consommer dans cet état (alcool, tabac, pornographie et produits “obscènes”, jeux de casino et lotteries, drogues, feux d’artifice et armes à feu).

Pour cela, les parents peuvent dès à présent inscrire l’adresse e-mail de leur(s) enfant(s) dans une liste spécialement mise en place par le gouvernement. Et à partir du 1er août prochain, ça va barder : les peines prévues en cas d’infraction vont jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 30 000 dollars d’amende (plus 5 000 par message illicite).

Difficile de présager si cette décision va être réellement appliquable et appliquée, mais je vois d’ici la liste se faire remplir par des enfants de largement plus de 13 ans…

Yabon spam ?

vendredi 1 juillet 2005

Le spam, alias pourriel ou encore courrier non-sollicité, qui parmi vous aime ça ? On peut difficilement concevoir comment éprouver autre chose que de l’énervement devant l’inutilité évidente de ce fléau des temps modernes. Et pourtant…

Les chercheurs de l’Université d’Alberta (Canada), ont mis en évidence un phénomène surprenant : les internautes recevant beaucoup de spam ont globalement perdu du poids et mieux pris soin de leur corps que les autres !

L’explication la plus probable est que face à tous ces messages vantant les mérites de tant de produits pour aller mieux, les personnes se sentent plus concernées par les soucis corporels et prennent des initiatives.

Ce que l’étude ne dit pas, c’est quels types de spam ont été utilisés. S’agissait-il de programmes de régime ? Et si oui, que révèlerait la même étude appliquée aux pourriels promettant des prêts bancaires à taux très intéressant ? Et avec des mails de réclame pour du Viagra ou autres produits du genre ?

La refonte des droits d’auteur en France, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

mercredi 29 juin 2005

Les débats parlementaires consacrés aux droits d’auteur en France, jusqu’à aujourd’hui prévus pour le 11 et 12 juillet prochains après déjà plusieurs reports, ont été une fois de plus repoussés, cette fois-ci à la rentrée.

Dans notre pays, on est aujourd’hui à un stade particulièrement flou pour les droits d’auteur et de copie : les textes actuels ne s’appliquent que difficilement aux nouvelles technologies, les tribunaux rendent des jugements et des arrêts contradictoires, et au final personne ne peut décrire la portée réelle de l’exception à la copie privée. Une sorte de “dark ages” pour les fichiers multimédia.

Ce qui est étonnant, dans ce nouveau report, c’est qu’il est motivé par la récente décision de la Cour Suprême américaine, qui responsabilise, dans une certaine mesure, les sites publiant les logiciels P2P. Le Syndicat National de l’Edition Phonographique (SNEP), sous le charme, a bien sûr immédiatement demandé une transcription de la décision en France.

Renaud Donnedieu de Vabres, notre ministre de la Culture et de la Communication, a alors demandé une “expertise juridique” de cette décision. Espérons qu’il ne s’agit pas que d’un écran de fumée cachant une décision parlementaire déjà prise.

Brevets logiciels : un exemple concret

mardi 28 juin 2005

Les brevets logiciels, je sais que j’en parle beaucoup sans réellement expliquer pourquoi ils représentent un risque. Aussi, je vous linke cet article traduit en français, qui a pour origine Richard Stallman, initiateur du GNU et du logiciel libre.

    De l’absurdité des brevets

L’exemple choisi par Stallman est très concret, puisqu’il se base sur notre littérature française : l’auteur a choisi de rebondir sur un faux argument de notre ancien ministre de l’industrie.

J’en recommande vivement la lecture à tous ceux qui ne savent pas quoi penser des brevets logiciels.

Pour rappel, le vote du Parlement Européen aura lieu début juillet prochain. Croisons les doigts pour qu’ils aient gardé toute leur fougue contre les décisions autistes du Conseil et ne subissent pas TROP de lobbying…

La Norvège veut soutenir les standards ouverts

mardi 28 juin 2005

La norvège jette un pavé dans la mare de la défense des standards ouverts. Dans le cadre d’une profonde restructuration de l’interface électronique entre l’étate et les citoyens, le ministre de la modernisation a annoncé que d’ici fin2006, seuls les formats ouverts seront acceptables dans les communications avec le gouvernement. Les logiciels Open Source sont également déclarés comme soutenus.

Microsoft n’est pas mentionné texto, mais tout à fait sous-entendu par des phrases comme “le tableur que tout le monde utilise” ou “c’est la dernière fois que je présente un plan sur les technologies de l’information sur le net grâce au format Windows Media”. Le message est donc fort : et si Microsoft ne change rien à sa politique d’ouverture quasi-inexistante, il perdra de lui-même le marché du gouvernement, puis des entreprises qui doivent communiquer avec lui.

Voici un nouveau pas dans la direction des systèmes informatiques publics plus transparents et indépendants. Petit à petit, les consciences évoluent, et les gouvernements commencent à se rendre compte de ce qu’ils risquent à soutenir des technologies fermées et opaques, toutes standards qu’elles soient.

Travail / vie privée : la frontère subsiste

samedi 25 juin 2005

La Cour de Cassation a rendu aujourd’hui un arrêt intéressant : un employé, qui avait stocké des documents personnels sans rapport avec son travail dans le disque dur de son poste de travail a vu son licenciement désavoué.

L’argument de “faute grave” a été refusé par notre plus haute instance juridique, qui estime ainsi que l’employeur n’aurait pas dû procéder à la fouille du disque, et notamment du dossier nommé “perso” contenant les éléments litigieux, de manière aussi légère. En effet :

“Sauf risque ou événement particulier, l’employeur ne peut ouvrir les fichiers identifiés par le salarié comme personnels contenus sur le disque dur de l’ordinateur mis à sa disposition qu’en présence de ce dernier ou celui-ci dûment appelé”

La distinction entre le travail et la vie privé continue donc d’être d’actualité en France. Rappelons que des affaires similaires ont déjà plusieurs fois opposé patrons et employés, notamment à propos de surveillance de leurs appels téléphoniques, de leur messagerie ou de leur activité par le biais de caméras, presque toujours au bénéfice de ces derniers.

La règle qui prévaut globalement est que l’employeur n’a pas le droit de surveiller un salarié sans au minimum le prévenir avant de ce qui sera observé et comment. Mais n’allons pas pour autant nous mettre à joyeusement flemmarder devant notre ordinateur de boulot : la tolérance des activités et documents à caractère personnel suppose bien évidemment qu’elles n’empêchent pas la tâche spécifiée dans le contrat de travail d’être menée à bien.